Association REFLEXION

témoignage d'un coureur et acteur de l'opération hulmanitaire

  RECIT DE MA PARTICIPATION A L’ULTRATRAIL DE 107 KM « GRAND RAID DE NOUVELLE CALEDONIE » le 12/09/09                   
 
 Vous avez bien voulu soutenir le projet de l’association REFLEXION , monté par Sandra et  son equipe et je pense que vous avez eu raison ,  je crois en effet que c’etait une bonne action rotarienne dans la « Cité » .
 
Tout d’abord vous avez contribué largement au bon deroulement d’une epreuve sportive qui avait le merite d’une formule nouvelle et certainement prometteuse et cela c’est dejà tres tres bien ! Pour le sport dans la Cité !
 
Ensuite vous avez conforté les organisateurs dans leur volonté d’associer un but humanitaire à l’epreuve sportive et vous ne vous etes pas trompés . Les grands champions invités etaient  des sportifs hors du commun , des gens simples , accessibles et disponibles , tous engages dans des actions humanitaires . Et puis les jeunes de « HANDISPORTS » ont ete tres largement associes à la manifestation et le ROTARY grace à SANDRA a ete cité et applaudi plusieurs fois , notamment à la remise des recompenses sur le site de l’arrivee à PRONY ou il y avait beaucoup de monde car l’ association des femmes de la Province Sud etait presente .
 
Pour vous parler du sport et de la course maintenant .
La pratique du Triathlon longue distance en veteran amateur m’a permis de rencontrer beaucoup de sportifs veterans extraordinaires , dont certains capables de performances incroyables alors qu’ils avaient depassé les 70 ans au grand compteur de la vie . Tous ces gens , dont certains handicapes ou accompagnant de grands handicapés dans un sport tres exigeant , m’ont donné LA MEILLEURE des leçons que le sport puisse apporter :  le « GOUT DE L’EFFORT » , l’envie de se depasser un petit peu  .
 
Depuis 2002 , j’en avais un peu marre comme l’on dit et j’avais raccroché mon velo de triathlon en abandonnant les longues heures d’entrainement sur les routes qui sont devenues trop dangereuses .
 
Fin 2008 quand j’ai commencé à en entendre parler , je me suis fixé l’objectif de participer au « Grand Raid de Nouvelle Caledonie » tout comme à son objectif humanitaire et j’ai essayé de me donner les moyens de pouvoir pretendre  tenir cet objectif .
 
Je n’etais pas surentrainé et j’ai abordé l’epreuve avec 2 ou 3 kg de trop (je les ai toujours malheureusement) ! Afin de me qualifier pour cette longue course , j’ai participé avec un bon resultat à la TRANSCALEDONIENNE en juillet dernier avec mon fils et un autre jeune ingenieur qui m’ont mené un train d’enfer mais qui m’ont beaucoup aidé et encouragé aussi . Cela m’a donné confiance en moi et je me suis ensuite surtout bien preparé mentalement . Par ailleurs les controles medicaux m’ ont donné le feu vert , alors , au fil des longues reconnaissances sur le terrain , sur un parcours magnifique , j’ai determiné un objectif realiste de temps en me construisant un tableau de marche pour finir en moins de 25 heures , avec une analyse des ravitaillements et de l’ assistance aux points autorises . Je me suis efforcé de respecter ce tableau de marche et le jour de la course apres les premiers 50 km, j’ai senti que j’etais dans un bon jour comme l’on dit , l’endurance etait au RV . Car avec l’age , vous le savez , nous sommes moins rapides , mais nous pouvons entretenir de bonnes qualites d’endurance et surtout nous avons un peu plus d’experience .
 
Sur la deuxieme partie du parcours ,  apres les encouragements de tous les amis et de la famille à l’etape des « Bois du Sud » , tout allait bien ou presque , j’ai pu me remettre à courir , j’ai essayé de maintenir le meilleur rythme  et je suis arrivé en 23 heures 49’ à la 37 eme place . Nous etions 129 au depart  , beaucoup ont abandonné car il  n’y a eu que 74 classés  . J‘etais donc dans le « TOP 50 » comme a ecrit le journal qui une fois de plus n’a pas eu assez de place pour donner la liste des 74 classés , alors que les derniers ont eu tout autant de merite et de courage à terminer .
 
Je suis bien sur tres content de mon resultat et fier des felicitations que vous m’avez transmises , mais je considère que c’est surtout le regard des jeunes handicapés qui etaient presents au briefing de la course deux jours avant son deroulement , qui m’ont permis de bien finir . L’un d’entre eux auquel je confiais mes craintes de ne pas terminer m’a simplement repondu : « comme j’aimerais bien etre à ta place , tu as de la chance !... meme si tu ne vas pas jusqu’au bout …» , alors quand j’ai commence à en avoir plein les pattes , ou quand le parcours est devenu difficile , ces mots ne m’ont plus quitté , ni son regard . J’ai pensé egalement aux autre jeunes en fauteuil que Pierre FAIRBANKS avait amené avec lui . J’ai pensé au combat qu’ils mènent au quotidien pour tenir leur place dans notre societe et dans la vie et je me suis dit : c’est vrai tu as de la chance . Cette  course n’est qu’une promenade à cote de leurs epreuves ! Et toi , tu fais cela pour ta satisfaction personelle , alors que pour eux c’est souvent une necessité de faire appel à toutes leurs ressources , pour faire le moindre geste physique , ou pour simplement vivre . Quant à devenir un grand champion medaillé , un athlete HANDISPORTS , comme Pierre FAIRBANKS , vous imaginer la dose de volonté et de courage !... et en plus il faut etre doué !... Je n’ai donc qu’un merite tres relatif d’avoir terminé cette course et j’ai eu de la chance .
 
 
Pour finir , quelques petites histoires :
 
 La course la nuit :         mes petits enfants etaient plus ou moins au courant de ma course et de ce qu’elle representait , les plus jeunes m’ont demandé : « La nuit , tu ne rencontres pas d’animaux ? » … « Vous savez il n’y a que des petites betes gentilles et qui se cachent , car elles ont peur du bruit que font tous ces fous de raideurs qui courent dans la foret avec une grosse lumière sur la tete ! » … « Et la « Dame Blanche ? » … « La Dame Blanche , cela n’existe que dans les bandes dessinees de Bernard BERGER !... » .
 
 C’est vrai , la nuit sur le parcours , il n’y a pas ame qui vive , ou alors les esprits sont invisibles ! La foret caledonienne est silencieuse .
C’est à peine croyable on n’entend que le bruit amplifié de sa respiration et l’echo amorti de ses pas qui revient vers vous , comme si votre corps vous suivait à distance ! Si l’on s’arrete , les pas s’arretent , il n’y a plus que le bruit de la respiration qui ralentit , c’est un peu irreel , comme si votre corps vous attendait , alors on repart en evitant de s’arreter de nouveau !
 Peut etre de peur que votre corps ne vous rattrape !... A moins que cela ne soit quelqu’un d’autre !...
 
 
 Les femmes dans la course :         car il y a des femmes qui se lancent dans des aventures pareilles , elles sont terribles , incroyables  … on croit les avoir decrochees , elles reviennent sans probleme ! Et puis elles n’abandonnent jamais , fatigue , blessures , rien n’en vient à bout ! En plus , elles sont meme capables de vous donner des conseils et de vous encourager et pour certaines elles ont le culot d’arriver avant vous  !
 
Voilà , cette course a ete pour moi un grand moment , avec beaucoup d’echanges malgré les tres longs moments en solitaire dans la nuit , une recherche permanente de l’equilibre indispensable entre l’effort constant et le physiquement soutenable sur près de 24 heures . Entre l’accomplissement d’un objectif sportif sans doute un peu pretentieux  et la volonté necessaire pour y parvenir . Je crois que j’en suis revenu plus fort mais egalement plus conscient des limites de mes capacités . Et puis c’etait la premiere fois que je participais à une course avec les jeunes et les sportifs de HANDISPORTS presents par la pensee à mes cotes , ce fut donc une course un peu magique , ils m’ont beaucoup aidé . J’ai eu la sensation que mon effort etait partagé et qu’il pouvait peut etre servir pour une fois à un petit quelque chose . Je crois n’avoir jamais ete aussi content de franchir une ligne d’arrivee !
 
Un petit mot , sur mon assistance , car sur une course pareille sans assistance cela relève du surhumain sinon de l’impossible . Merçi donc à Odile pour avoir passé la nuit dans l’attente et la crainte pour moi d’une blessure ou d’une defaillance toujours possible . Dans le froid et le vent egalement ,  et de m’avoir permis de repartir aux 2 points d’assistance autorises , réconforté , rehydraté , alimenté , les pieds soignés, avec les rations , les batteries de lampe , le materiel et l’equipement necessaires , le tout soigneusement preparé pour la course de nuit . La course est souvent presqu’aussi dure pour l’assistance que pour les participants !
 
Et un dernier mot sur tous les benevoles de la course , ils ont ete formidables de devouement , d’efficacité , de rigueur , de competence et de gentillesse avec tous les participants , certains ont passé toute la nuit dans le froid et dans des endroits completement isolés , presqu’au milieu de nulle part !
 
Je vous remercie pour votre aide et vos encouragements  .
 
 
Patrick  GUESDON     


22/10/2009
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